Les petits américains ne sont plus les seuls concernés par le problème de poids, en France aussi le surpoids gagne du terrain et cela devient de plus en plus préoccupant. Aujourd’hui, on dénombre sur le territoire français, 10 % d’enfants obèses. Mais il s’agit bien d’une épidémie planétaire puisque même les pays en voie de développement sont touchés : en effet, ils s’industrialisent et changent aussi leurs habitudes alimentaires et leur hygiène de vie. Ils connaissent à leur tour : fast-food, sédentarité croissante, mauvaise hygiène de vie… puis obésité. On a relevé, dans 4 pays différents, le pourcentage d’enfants en surpoids et les résultats sont peu encourageants : 21% pour l’Allemagne; 12 % pour la France… (voir le graphique)
Quel diagnostic ?
Il est important de pouvoir dépister l’obésité infantile car elle est une véritable maladie qui a des conséquences sur la qualité de vie de l’enfant (Voir Quelles conséquences pour l’enfant ?)
Tout d’abord, on peut rappeler qu’il existe un index efficace et précis : l’IMC (Indice de Masse Corporelle) servant à évaluer l’adiposité. Vous trouverez la courbe d’IMC dans le carnet de santé de votre enfant. Il est important de la compléter régulièrement afin de pouvoir l’interpréter.
Graphique :
Interprétation :
Chez certains enfants, on observe un IMC (= poids/taille2) qui subit ce que l’on appelle un « rebond d’adiposité » trop tôt (courbe rouge). En moyenne, il s’effectue aux alentours de 6 ans. Or, s’il a lieu vers 3 ans, comme c’est le cas sur cette courbe, il est conseillé de la surveiller et de la contrôler régulièrement, aussi, au moindre doute, il est préférable de consulter votre médecin de famille.
(source : cahiers de nutrition et de diététique, 2001, 36, 81-156)
Comment prévenir ?
Comme on le dit si bien, « mieux vaut prévenir que guérir »… En effet, la prévention s’impose d’autant plus que l’on sait qu’un enfant gros sur deux peut retrouver un poids « normal » s’il est pris en charge précocement.
Nous savons aussi qu’il existe de nombreux facteurs de risques de l’obésité; en voici quelques-uns. Exemples à ne pas suivre…
Une mauvaise hygiène de vie
La prise de poids chez l’enfant ne se résume pas à des problèmes d’alimentation car il a été prouvé par plusieurs études que le sommeil, par exemple, est étroitement lié à la prise de poids ; selon ces études, les enfants obèses dorment moins que les autres. Or, le manque de sommeil comme d’activité physique sont impliqués dans la prise de poids… Lorsque l’on ne dort pas assez, on a tendance à « sauter » le petit-déjeuner car quand on est fatigué, on n’a pas faim ; alors c’est vers 11 h que l’on commence à avoir « un petit creux » et c’est là que le grignotage intervient… Et puis on ne se sent pas bien, fatigué, angoissé, stressé, cela peut même aller jusqu’à la dépression dans certains cas. D’autre part, pratiquer une activité physique, nous permet d’évacuer tout ce stress accumulé par ce manque de sommeil et de retrouver enfin, un meilleur équilibre…
(Source : http://www.cerin.org/recherche/articles/SYN1999AP5_obesiteEnfant.asp )
Que faire ?
§ La sédentarité excessive
De l’autre côté de l’Atlantique, on parle de « couch-potatoes » pour désigner tous ces enfants et ados qui passent des après-midi entières devant un écran, que ce soit la télévision, internet, ou divers jeux vidéo… tout en grignotant de la « junk-food » : chips, sodas, bonbons, barres chocolatées, pizzas…
Il s’agit là de jeunes américains, mais il faut savoir que le phénomène s’est progressivement installé en France : demandez à la majorité des enfants ce qu’ils font lorsqu’ils rentrent de l’école…
Que faire ?
§ Le déséquilibre alimentaire
Il est vrai que l’on consacre de moins en moins de temps à la préparation et à la prise des repas. Et pourtant, quel moment agréable que de déjeuner ou de dîner avec ses enfants, sa famille… On privilégie beaucoup les plats « vite faits » : saucisses/chips, hamburger/frites… Bien qu’ils ne soient pas malsains (s’ils sont pris de façon occasionnelle) le problème est qu’ils deviennent vite une habitude et dans ce cas, qu’en est-il de la variété et de la diversité alimentaire indispensables à notre santé ?
Que faire ?
§ Le facteur génétique
L’obésité n’est pas toujours issue de facteurs comportementaux, elle peut parfois être due à divers problèmes organiques ou fonctionnels : l’hyperthyroïdie (soignée par la prise de l’hormone déficiente), hypercorticisme ou « syndrome de Cushing » (traité par des anticortisoliques de synthèse)…et/ou apparaître sur un terrain héréditaire favorable (familles d’obèses), mais retenons que même si les membres d’une même famille partagent des gènes, ils ont aussi en commun : un type d’alimentation, un contexte socioculturel, un style de vie. De nombreuses études sont encore en cours aujourd’hui afin de comprendre comment se transmet la prédisposition à l’obésité chez l’homme…
Que faire ?
( source: http://www.cerin.org/recherche/recherche.asp ; Traité de nutrition clinique de l’adulte, Médecine-Sciences: Flammarion)
Quelles conséquences pour l’enfant ?
L’obésité met en cause notre qualité de vie car elle engendre de nombreuses complications néfastes pour entretenir notre bonne santé. Ces conséquences sont graves pour l’enfant qui est obèse mais aussi lorsque celui-ci devient adulte…
Chez l’enfant, ces conséquences sont non seulement médicales (essoufflements, apnées du sommeil… Ainsi que chez l’adolescent : puberté précoce, aménorrhée, diabète insulino-dépendant…) mais aussi psychologiques et sociales. En effet, lorsqu’un enfant est en surpoids, il a une mauvaise image de lui : il ne s’aime plus tel qu’il est, il ne se reconnaît plus et se dévalorise. Dans la plupart des cas, il se sert de l’obésité pour faire passer un message (tristesse, solitude, mal-être…) mais malheureusement, on ne le voit pas forcément tout de suite, alors il continue à prendre du poids, ses amis le rejettent : il est sujet aux remarques discriminatoires et son seul moyen de défense est de grossir encore et encore pour se protéger de toutes ces agressions. Cela peut entraîner : échec scolaire, hyper-agressivité, dépression… D’autre part, les parents ont une part de responsabilité relativement à l’obésité de leur enfant car il est vrai qu’ils ne sont pas toujours là lorsque ceux-ci rentrent de l’école, et puis certains trouvent qu’il n’est pas facile de faire des repas équilibrés pour tous alors que l’on a chacun des besoins différents (par exemple, un adolescent n’aura pas les mêmes besoins nutritionnels que sa mère de 40 ans…). Pour ce qui est des courses, c’est bien souvent une affaire « vite réglée »; on n’a pas toujours la patience de bien choisir ses aliments car l’on est pris par le temps… Il en est malheureusement de même pour ce qui est de faire la cuisine. Se pose également le problème de la cantine scolaire. Selon une enquête de 60 millions de consommateurs, auprès de 353 établissements scolaires (écoles primaires, collèges et lycées), il apparaît certaines erreurs :
* Les apports calciques sont largement insuffisants
En effet, certaines cantines scolaires font de mauvais choix en matière de laitages : d’une part, elles privilégient les fromages ou les desserts lactés, plutôt que les simples yaourts natures (moins caloriques et plus riches en calcium). D’autre part, les fromages proposés sont fréquemment ceux qui contiennent le moins de calcium… et encore, il n’y a pas toujours un laitage inclus dans le menu… Or, un enfant en pleine croissance en a grand besoin.
* La présence trop fréquente de plats protidiques gras
Pour des raisons économiques ou sous de fausses excuses telles que « c’est pour faire plaisir aux enfants », des plats comme le hachis Parmentier, le cordon bleu ou les lasagnes arrivent au moins 3 fois par semaine dans les assiettes de nos enfants… sans compter par ailleurs les plats protidiques qui baignent dans la sauce ! Encore une fois, on s’aperçoit que la notion de plaisir est associée au fait de manger des plats riches, mais pourquoi n’apprendrait-on pas aux enfants à prendre plaisir à manger sain et équilibré ?
· La trop grande fréquence des pâtisseries
En effet, les desserts sont bien souvent gras : éclairs au chocolat, Paris-Brest, gâteaux divers se succèdent pour clore le repas, prenant la place du fruit…
Que faire ?
Il faut tout de même souligner que 70 à 80 % des enfants obèses de plus de 10 ans le restent à l’âge adulte, ce qui représente une tranche de population non-négligeable…
Chez l’adulte obèse, de plus en plus de complications risquent d’apparaître comme : le diabète, les maladies coronariennes, l’hypercholestérolémie, les accidents vasculaires cérébraux, les troubles respiratoires, certains cancers. Rien qu’aux Etats-Unis, 300 000 morts/an sont liées au diabète. Mais il ne faut surtout pas négliger l’aspect psychologique de l’obésité à l’âge adulte car le mal-être dû à une surcharge pondérale peut être toujours présent. Par contre, il est moins fréquent qu’un adulte obèse ait des problèmes à s’intégrer socialement (au sein de son travail, par exemple). On a tous à l’esprit, l’image du bon vivant sympathique, serviable, drôle… Or c’est souvent pour s’excuser de son surpoids, qu’il soit modéré ou plus important, que le « bon gros » affiche humour (dont l’autodérision), jovialité, apparente bonne humeur qui masquent en fait sa sensibilité… D’ailleurs, nous en connaissons tous au moins un dans notre entourage.
(Source: Journal of General Internal Médicine, 6 décembre 2000)
Que faire ?
Réduire les facteurs de risque…
Tout d’abord, une mauvaise hygiène de vie peut entraîner des troubles relativement importants. En effet, un enfant de 10 ans, par exemple, a besoin de 9h30 à 10h de sommeil par nuit (voir le graphique); or, certains enfants se couchent parfois jusqu’à minuit pour se lever à 7h le lendemain. C’est un temps de sommeil insuffisant qui provoque chez l’enfants des troubles : manque de concentration à l’école, pas ou très peu d’appétit le matin au petit-déjeuner, angoisse… Il est alors très important de recadrer l’enfant dans des horaires plus adaptés à ses besoins, ainsi il sera moins fatigué et aura de l’appétit en se levant le matin. Cela évitera également les petits grignotages avant le repas du midi, voire même tout au long de la journée…
(source: http://eric.mullens.free.fr/enfant3.htm#Le%20sommeil%20-%20haut )
Vous trouverez sur cette page, toutes les informations nécessaires pour préparer un petit-déjeuner agréable et équilibré : http://perso.club-internet.fr/fderad/abc.htm
En ce qui concerne la sédentarité excessive, il est primordial de pouvoir gérer le temps de télévision ou/et d’ordinateur par jour. Pour cela, vous pouvez tout à fait établir un planning avec votre enfant pour déterminer quels sont les programmes qui l’intéressent le plus et, le reste du temps, privilégier des activités à l’extérieur (vélo, roller, jeux de ballon…) si cela est possible, ou une activité sportive (basket, football, handball, badminton, volley-ball, natation, tennis, danse…).
De plus, l’occuper ainsi à se dépenser d’une façon ludique et agréable, l’empêche de penser au grignotage. Cependant, n’oubliez pas qu’un enfant a généralement besoin d’un goûter (équilibré) .
Ensuite, le déséquilibre alimentaire qui est également un facteur de risque très courant, est souvent mal évalué par l’enfant obèse car il n’a pas la notion de ce qu’il faut qu’il mange et de ce qui est bon pour sa santé ou non… En effet, ce sont les parents qui transmettent à leurs enfants leur façon de vivre et leurs habitudes alimentaires. Il faut prendre le temps de manger, calmement, dans une ambiance saine ; c’est un moment qui doit être privilégié… Pour ce qui est de la cantine scolaire de l’enfant, il est tout à fait possible de demander un imprimé des menus de la semaine suivante à l’école pour que vous puissiez équilibrer correctement ses repas…
Sans prendre en considération le problème de surpoids, manger équilibrer est très bon pour notre « capital santé ». C’est pourquoi, il est important « d’éduquer l’enfant » à goûter à tous les aliments, que ce soit :
§ Des légumes :
Artichauts, carottes, tomates, poireaux, choux…
§ Des fruits :
Fraises, framboises, banane, ananas, orange…
§ Des féculents :
Pain, pâtes, riz, pommes de terre, lentilles, pois chiches, flageolets…
§ De la viande, du poisson et autres produits de la mer, des œufs :
Bœuf, porc, agneau; cabillaud, saumon, lieu, crevettes, moules; poulet, dinde, pintade; œufs au plat, œufs pochés…
§ Des laitages :
Fromages, yaourts, lait…
§ Des matières grasses végétales et animales :
De l’huile d’olive, de tournesol, beurre, margarine végétale…
Mais sous différentes formes afin de varier les plaisirs, pour qu’il ne se lasse pas et pour mieux couvrir ses besoins nutritionnels… Par exemple, la plupart des parents savent que les produits laitiers sont une bonne source de calcium. Toutefois, les fromages affinés sont également très riches en lipides et en cholestérol, contrairement aux simples yaourts. Ainsi, si un jeune a besoin de 3 ou 4 portions de laitages par jour, il importe de ne pas multiplier les parts de fromage…
De plus, il ne faut surtout pas « diaboliser » certains aliments. Par exemple, si votre enfant a envie de manger un croque-monsieur ou un hamburger, il n’y a pas lieu de lui interdire tant que cela reste occasionnel, car cela devient vite un jeu de transgresser les interdits…
Pour finir, le facteur génétique qui représente une bonne partie des obésités en France, n’est pas une fatalité. En effet, même si la majorité des personnes obèses avaient un terrain génétique qui les prédisposait à stocker facilement l’énergie excédentaire et à grossir, il n’était pas écrit à l’avance qu’ils deviendraient nécessairement obèses un jour, s’ils avaient adopté le plus tôt possible des habitudes saines pour leur santé (équilibre alimentaire, activité physique, lutte contre la sédentarité…) ; ces « bonnes habitudes » constituant une prévention efficace du surpoids.
D’ailleurs, il serait bien trop simple d’accuser notre patrimoine génétique d’être le seul et unique responsable de la survenue d’une obésité… Prévention et traitement passent tous deux pas la prise de conscience et la responsabilisation, même si le patient gagne à être éduqué, écouté, encouragé, bref accompagné, par l’équipe médicale et la diététicienne.
Soigner l’obésité infantile…
Pour faire face à une obésité naissante, il est important de montrer à son enfant que l’on perçoit son mal-être et essayer tant que possible de se rendre plus disponible pour lui ; il faut qu’il sente qu’il n’est pas seul face à ses kilos en trop… Tenter de rechercher les causes de la prise de poids est aussi essentiel (arrêt du sport, déménagement, changement du lieu où il prenait habituellement ses repas, perte d’un être cher, échec scolaire, divorce des parents…) car pour guérir l’obésité, il faut bien sûr modifier certaines habitudes alimentaires et comportementales, mais il faut surtout soigner la cause ; c’est pourquoi dans certains cas, une aide psychologique est recommandée. Encore une fois, n’hésitez pas à demander conseil auprès d’un médecin, qui saura vous orienter dans vos démarches.
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